Nouveaux tarifs Google Maps “pour les nuls“

Christian Quest
5 min readMay 12, 2018

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… ou quand le diable se cache dans les détails !

Suite à mon article sur les changements de conditions et de tarifs prochains des services cartographique de Google, j’ai reçu beaucoup de questions sur les tarifs.

J’ai donc relu ceux-ci en me posant moi aussi beaucoup de questions et voici ce que j’ai compris…

200$ “offerts” et des requêtes par paquet de mille

Extrait des nouveaux tarifs “Google Maps Platform”

Sur la page principale des nouveaux tarifs, la colonne “Free monthly usage” correspond à l’équivalent des 200$ “offerts” chaque mois par Google. Il ne sont donc pas du tout cumulables.

Les colonnes suivantes, sont bien des tarifs pour 1000 requêtes même si le 0–100.000 peut être mal interprété.

Il faut donc raisonner de la façon suivante:

  • calculer le nombre de milliers de requêtes de chaque type, et leur coût
  • retrancher du total les 200$ mensuels gratuits

On ne peut pas par exemple avoir 14000 “embed advanced” et 40000 calculs d’itinéraires gratuits par mois.

On passe clairement donc d’une logique de gratuit par défaut, et payant au delà d’une limite “freemium”, à une logique de payant par défaut couplée à un crédit gratuit mensuel de 200$… vite épuisé.

Usage mobile et “embed” gratuits ? Pas si simple…

L’usage dans les applications natives mobiles (donc via le SDK Google) est indiqué comme illimité et gratuit, ainsi que pour l’usage “embed” sur un site web.

Qu’est-ce que cet “embed” au juste ?

La documentation montre un simple affichage de carte avec un unique marqueur dessus. Google se réserve bien entendu le droit d’y inclure de la publicité.

Il faut par contre bien lire une autre page qui explique que c’est juste l’affichage simple de cartes qui est gratuit, mais que les services Place / Directions / View sont facturés !

Si on passe comme paramètre à cette carte un point de départ et d’arrivée… on est facturé. Est-ce ceci ces fameux “embed advanced” facturé 14$ les 1000 dont on ne trouve pas de description dans la documentation ?

Dans les exemples figurant dans la documentation, on voit que les liens pour calculer un itinéraire sont présents par défaut et aucun contrôle sur leur visibilité ne semble possible… sera-t-on facturé automatiquement si l’utilisateur les utilise ?

De même, il y a fort à parier (car ce n’est pas vraiment explicité) que l’usage de tout service complémentaire sur mobile sera facturé bien que l’affichage initial de la carte sera (pour l’instant ?) gratuit.

Des services additionnels toujours payants ?

Directions et Directions Advanced, les services de calcul d’itinéraires, sont toujours payants. La version “advanced” permet le calcul de tournées ou la prise en compte du trafic routier… et la facture se trouve dans ce cas doublée.

Pour l’autocomplétion d’adresses, il y a aussi du changement. Les requêtes sont comptées soit au caractère, soit à la “session de recherche”.

Exemple: si je tape “Musée du l”, cela fait 10 caractères… ce qui reste très juste pour être sûr que c’est bien le Musée du Louvre (de Paris) que je cherche. Le compteur peut donc tourner relativement vite et pour passer au mode “session” qui permet d’une certaine façon de limiter les coûts, il faut modifier son code pour appeler l’API pour en bénéficier.

La géolocalisation payante ?

De quoi s’agit-il ?

Un smartphone se géolocalise :

  • soit avec des signaux émis par une constellation de satellites (pour cela que les GPS ne fonctionnement correctement qu’en extérieur),
  • soit en reconnaissant les réseaux GSM, wifi et bluetooth qui sont à sa portée.

Dans le premier cas, l’information provient directement (et gratuitement) des signaux reçu depuis les satellites et aucune API externe n’est nécessaire, la position est calculée par un circuit spécialisé avec une précision de l’ordre de 5 à 10m.

Pour la géolocalisation sans signaux satellite, il faut interroger une API pour obtenir une position approximative à partir des réseaux de proximité reconnus. C’est le service “geolocation API” que propose Google à 5$ les 1000 requêtes. Les applications qui géolocalisent en quasi permanence leurs utilisateurs vont peut être devoir revoir sérieusement leur plans…

Je n’ai rien trouvé dans la documentation ou les changements tarifaires à ce sujet. Ce service de géolocalisation sera-t-il pour les cartes “gratuites” sur mobiles ?

Si tel était le cas, c’est un “détail” important car la synchronisation des signaux satellite est souvent plus lente et donc faites dans un deuxième temps, après une première géolocalisation souvent moins précise faite à l’aide des réseaux à proximité et d’un appel à une API.

Heureusement, le service de géolocalisation Mozilla Location Service est disponible gratuitement, basé sur du code ouvert et une base de réseaux elles aussi ouverte (et collaborative).

“lock-in” et tout ou rien

Le 3.2.4 des nouvelles conditions restreint les usages éventuellement concurrentiels à des service Google existants… voire à venir !

“Customer will not use the Services to create a product or service with features that are substantially similar to or that re-create the features of another Google product or service.”

Un autre point important à rappeler est une restriction qui a toujours existé dans les Conditions d’Utilisation.

Les services Google Maps doivent être utilisés en circuit fermés, c’est à dire qu’une information obtenue par un de ces services ne peut pas être utilisées ailleurs.

L’exemple le plus évident concerne le géocodage d’adresses. Lorsque des données sont géocodées, il est interdit de les utiliser ailleurs que via les services Google.

Vous avez géocodé des données via un service Google ? Vous ne pouvez pas les montrer sur un fond de carte OpenStreetMap (ou autre), hors API Google… il va falloir tout re-géocoder !

Là aussi pour le géocodage, des alternatives sont disponibles…

Ni clair ni stable

On le voit, il est plutôt difficile de s’y retrouver et la présentation masque des détails qui peuvent être gênants et apporter de bien mauvaises surprises.

Tout ceci reste bien entendu lié aux “Conditions d’Utilisation” qui peuvent de toute façon être modifiées unilatéralement sous 30 jours, délai très court qui ne permet que très difficilement de mettre en place une alternative.

Un conseil: lisez attentivement l’ensemble des tarifs, conditions et documentations dans leur version remise à jour qui actuellement se mélangent avec les conditions actuelles.

Comparez ensuite aux offres commerciales alternatives existantes… les plus claires (de mon point de vue) sont en premier:

N’oubliez pas non plus la possibilité de déployer vos propres services en vous basant sur des données et logiciels libres et ouverts.

La base de données OpenStreetMap et la pléthore d’outils pour en exploiter le contenu est le choix naturel dans ce domaine si vous voulez retrouver votre indépendance !

Vous pouvez même profiter des prochaines conférences “State Of The Map” pour découvrir qu’un autre monde cartographique existe :

N’hésitez pas à signaler d’autres services en commentaire afin de compléter si nécessaire.

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Christian Quest

40 ans d'informatique + 33 de base de données + 25 d'internet + 11 de cartographie = #OpenStreetMap + #opendata + #logiciel_libre